Dermatite exsudative croûteuse non prurigineuse commune à de nombreuses espèces animales. Transmissible mais faiblement contagieuse, elle est due à une bactérie ubiquiste (Dermatophilus congolensis) qui, en association avec des facteurs de risque, entraîne l'apparition de symptômes.
Malgré un taux de mortalité faible, la dermatophilose entraîne des pertes économiques par chute de production, incapacité de travail des animaux de trait et de bât, dépréciation des cuirs.
Situation dans les Amériques:
Fréquente dans les pays tropicaux et sub-tropicaux notamment là où est présente la tique Amblyomma variegatum, principal facteur aggravant de la maladie.
Déclarée à l’OIE par les pays suivants (année 2004) : Canada, USA, Argentine, Brésil, Chili, Dominique, Guadeloupe, Martinique, St Kitts et Nevis, Trinidad et Tobago, Uruguay.
Espèces sensibles:
Bovins, ovins, caprins, équidés, camélidés Plus rarement : porc, chien, chat, homme (zoonose mineure) Espèces sauvages : mammifères et reptiles
Lésions de dermatophilose chez une chèvre de Guadeloupe (N. Barré).
Facteurs de réceptivité
En région tropicale: grande sensibilité des bovins. Plus grande résistance des races locales (ex : Bovins Créoles de Guadeloupe) que des races importées ou améliorées.
En région tempérée : sensibilité des moutons et chevaux.
Agent pathogène / éthiologie:
Dermatophilus congolensis est une bactérie Gram+ polymorphe appartenant au groupe des Actinomycètes. Elle existe sous deux formes :
• Filamenteuse (0,5 – 1 micromètre Ø): septée et ramifiée, qui se multiplie dans les couches vivantes de l'épiderme formant des chaînettes caractéristiques.
• Coccoïde (1 micromètre Ø) : forme mobile (flagellée) responsable du pouvoir infectieux.
Bactérie résistante dans le milieu extérieur. Des croûtes tombées au sol restent infectieuses pendant plusieurs mois.
Culture : en aérobiose, optimum de T° = 37°C, sur gélose enrichie au sang ou au sérum.
Symptômes:
Les symptômes apparaissent si la bactérie et les facteurs de risque sont réunis.
Forme chronique
La plus fréquente. Incubation de 2 à 4 semaines. Lésions non prurigineuses hautes (cou, garrot, dos) puis basses (extrémités inférieures des membres) et parfois plus atypiques (zones glabres : périnée, mamelle, scrotum).
Amaigrissement progressif, surinfections bactériennes. 10 à 20% de mortalité, souvent par réactivation de maladies intercurrentes.
En fin de saison des pluies les lésions disparaissent mais il y a rechute à la saison suivante.
Forme aiguë
Moins fréquente. Forme exsudative, survenant en zone tropicale humide chez les sujets prédisposés :
Erythème important puis chute des poils, épaississement de la peau, qui forme des plis où s’accumule un exsudat séreux nauséabond. Extension rapide des lésions sur tout le corps.
Atteinte de l’état général : anorexie, amaigrissement, baisse de production lactée.
En absence de traitement mort de l’animal en 10-12 jours après l’atteinte de l’état général.
Traitement:
Antibiothérapie par voie générale: • Pénicilline (75000 UI/kg) + dihydrostreptomycine (75 mg/kg) injectables. • Oxytétracycline (20 mg/kg), en une injection intramusculaire.
Et surtout, détiquez les animaux !
Traitement contre les tiques, par pulvérisation (CIRAD EMVT)